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lundi 13 juin 2022

Retour à St Broc les choux...

Du 17 mai au 17 septembre, Bibliothèque André Malraux de St Brieuc (22), Exposition : Ramages & Plumages. Christian Prigent et le livre d’artiste (1975-2016)

En partenariat avec le Musée d’art et d’histoire. Christian Prigent vit et travaille à Saint-Brieuc, où il est né en 1945. Entamée à la fin des années 1960, son œuvre – l’une des plus singulières et importantes de la littérature française contemporaine – s’est déployée en plus de soixante ouvrages, dans une multitude de genres : poèmes et romans, mais également essais et chroniques, traductions, créations théâtrales et audiovisuelles, performances.

Conçue avec l’auteur, l’exposition propose une exploration de l’oeuvre poétique de Christian Prigent et de ses collaborations avec les artistes.

Exposition accessible aux horaires d’ouverture de la Bibliothèque André-Malraux

Bibliothèque André-Malraux, 44 rue du 71e R.I., Saint-Brieuc – 02 96 62 55 19 Fermeture estivale :  du 30 juillet au 15 août – https://mediathequesdelabaie.fr






AUTOUR DE L’EXPOSITION : 

Visites commentées à 15h, par les bibliothécaires

Mercredi 15, samedi 18, mercredi 22, mercredi 29 juin ; samedi 2, mercredi 13, samedi 16 juillet; mercredi 17, mercredi 24 août ; samedi 10, samedi 17 septembre (avec Christian Prigent).


► Comme si vous étiez à la Bibliothèque de Saint-Brieuc le 20 mai dernier : assistez à une lecture de Christian PRIGENT et de Vanda BENES drôle et satirique.


► Prochain événement :



► Autres événements estivaux :



Accès libre et gratuit, dans la limite des places disponibles.  

Inscription recommandée.

Le Groupe d’Education Nouvelle des Côtes d’Amor  invite Christian Prigent à trois conversations  autour de ses trois derniers livres

Informations : 3motsdeplus@gmail.com – 06 77 68 56 82











samedi 23 avril 2022

[NEWS] Ouïvoir Christian PRIGENT au cours du printemps 2022




Journal de Christian PRIGENT sur SITAUDIS : 7e extrait paru récemment !


"CHINO sur la falaise" : RV sur AOC.


Chino chez les Helvètes :

RadioTélévisionSuisse (RTS-Espace 2, émission « La Vie à peu près »). Chaque jour de 12 h à 12 h 30 du lundi 4 au vendredi 8 avril 2022.
Désormais podcastable via : 




Christian Prigent (avec Vanda Benes) à La Générale (39 rue Gassendi  Paris XIVème).

Lecture et dialogue avec Jean-Pierre Han.
Le dimanche 15 mai 2022, à 14 h 30.
Dans le cadre des rencontres « Théâtres / écritures : quels liens ? ».


lundi 12 juillet 2021

Chino au jardin, par Tristan Hordé

Avec Vanda Benes, lecture de Chino au jardin en mai 2021


Christian Prigent, Chino au jardin, P.O.L, mai 2021, 352 pages, 21 €.

 

 

   Chino au jardin appartient à un vaste ensemble, succédant à Les Enfances Chino (roman) (2013), Les Amours de Chino (roman en vers) (2016) et Chino aime le sport (roman en vers) (2017). La mention "roman" est absente, bien que le projet ne semble pas différent du premier "Chino" ; les données personnelles sont souvent transparentes et des faits historiques restitués précisément, de la guerre d’Indochine à l’extension des villes. Ce n’est pas pour autant une autobiographie ou une succession de faits vérifiables, « réels », ni un roman au sens convenu du mot : le livre, comme les autres du cycle « Chino », rompt avec toute narration romanesque, ne serait-ce qu’en introduisant des documents (la liste en est donnée à la suite du texte, mais en fait partie), chansons et poèmes, jeux avec la typographie, mais surtout par son écriture. L’écriture est là pour restituer autre chose que le vraisemblable ; comme l’écrit Prigent dans son Journal (Point d'appui, P.O.L, 2019 ; 27/08/2017, p. 187), elle est une « résistance à la pression dé-réalisante du dehors (le « monde » saturé de représentations) ». 

 

  La littérature est toujours présente, d’abord avec les citations et le jeu qu’elles entraînent. Chaque ensemble, en relation avec son contenu, est accompagné d’une citation en exergue ; celle par exemple de Gadda pour "Chino au jardin délicieux", tirée de Eros e Priapo : « Innumerabili sono i richiami d’amore », s’accorde au second degré avec la pratique de l’amie de Chino qui, nue sur le seuil du jardin, utilise un concombre en guise de godemiché. Dans le livre, les jeux avec les citations sont trop nombreux pour qu’on les relève, qui font appel aussi bien à Rimbaud (« la mer automatique allée avec le soleil pour un petit bout d’éternité ») qu’à un Évangile (« Car en vérité je te le dis » suivi de « scandale, bonne nouvelle ») ou à Mallarmé (« Les bouquets de rouges absents de toute fleur »). Dans une parodie de comédie, le personnage de Denise Courtay craint la mauvaise humeur de Jean, son mari, et, seule puis dans un dialogue, lui sont prêtés trois vers issus de tragédies de Racine et transformés, le premier d’ailleurs présent dans Grand-mère Quéquette avec le premier mot :

 

                        Quoi ! tandis que mon Jean s’abandonne au sommeil (Britannicus, I,1)

                        Oui, c’est Agamemnon, c’est ton chat qu'a miaulé (Iphigénie, I,1)

                        Ciel ! que vais-je lui dire ? et comment, vu la rogne (Phèdre, I,3)

 

   On ajoutera l’emprunt, mais modifié, d’une parodie de parodie de Cinna (V,1), de Raymond Rua, avec « Prends ton siège, Chino, et assoie-toi ta terre, a dit Doudou en douze pieds.[1] » 

 

   Dans l’ensemble titré "Chino au jardin des Muses", la réflexion sur la langue convie le lecteur à lire autrement que de manière linéaire, notamment en s’en prenant à ce qui semble intouchable pour conserver le sens, l’intégrité du mot : « Maussade vous a un côté mousse sale, salade fanée, aigreur de bouderie. Cet adjectif maugrée la colique. Quelque chose en lui ne veut pas. C’est à cause de mauMau est la version en cul-de-poule de mal. [Etc.] » Plus loin dans la même page, continuant l’examen de maussade dans le détail, Prigent rappelle l’existence de l’adjectif du moyen français sade « qui fait en poésie chouette », — qui signifiait « gracieux, charmant », du latin sapidus —, et de son dérivé de même sens sadinet chez Villon, employé aussi comme substantif pour désigner le sexe féminin.


   C’est là un court exemple non de jeu mais de rejet des formes académiques et une manière d’écrire autrement ; l’écriture de Chino au jardin mêle ce que l’ordre désigne par "niveaux de langue", aussi bien pour le vocabulaire que pour la syntaxe et la morphologie, use du calembour, de l’onomatopée, de l’énumération, introduit des mots d’ancien français, de breton, des néologismes, etc. Il s’agit bien de décrasser l’écriture des vieilles habitudes, contre les "Grandes Têtes Molles" de notre époque dont il donne quelques exemples à la manière du Lautréamont des Poésies : « Tête molle 1 : Saint-John-le-Percé, la Citerne pétonnante. Mort ! Tête molle deux : Alexandre Char, le Capitaine-Orageux-des-Destins. Mort ! Tête molle 3 : P’tit Guy Cadou, la Colique-des-Feuilles-Vertes. Mort ! Tête molle 4 : Guillevic Gros-Pif, l’ami enrhumé d’Euclide et du caillou. Mort ! [etc.] (...) Les mots sont des cadavres dans leurs bouches ». C’est pourquoi il donne, en gros caractères, les mots d’Artaud dans Le Pèse-nerfs, « Toute l’écriture est de la cochonnerie » et de Ponge, « La poésie : merde pour ce mot ! », puis reprend à son compte en les récrivant Bataille (« Poésie ? La haine ! ») et Denis Roche (« La Poésie ? Inadmissible ! *d’ailleurs n’existe pas ! »).


    Parmi d’autres manières de se défaire de l’académisme, des mots morts, Prigent introduit, à la façon de romans du XVIIIe siècle, une distance vis-à-vis de ce qui est écrit ; entre autres exemples, le narrateur s’adresse à Chino pour qu’il se réveille et il ajoute : « D’ailleurs faut poursuivre. Sinon on n’est pas arrivé à la page suivante, vers 136 ». C’est ainsi le principe même du romanesque qui est défait, tout comme il l’est avec le recours aux techniques du cinéma : tels moments du roman sont des "plans" et l’on passe sans transition ("cut") de l’un à l’autre : « Plan n° 2 [...] Cut. Plan n° 3 » ; ailleurs : « La scène se fige », « zoom », « fin du flash-back », etc. — on peut lire à ce sujet l’essai de Prigent, Ça tourne (L’Ollave, 2017).

 

   Il faut toujours re-commencer et l’on se souvient du titre du premier roman de Prigent publié en 1989, Commencement, et, travailler d’une autre manière le matériau de ce qu’a été une vie. Cinq ensembles du livre sur huit sont liés à l’enfance et à l’expérience des choses. Quand son ballon brise un carreau d’un bâtiment dans le jardin des postiers et que Chino veut le récupérer, il découvre, et le lecteur avec lui, dans cette Bretagne d’après-guerre un monde inconnu dont il se souviendra, celui de la vie ouvrière plus que difficile, celle aussi des immigrés polonais ou espagnols — cet ensemble a en exergue deux vers d’Apollinaire, « J’aimais j’aimais le peuple habile des machines / Le luxe et la beauté ne sont que son écume ». C’est par le jardin que sont évoqués la guerre d’Indochine et son issue, le poujadisme, le pillage par les enfants des vergers dans les jardins ouvriers, la vie des grands-parents, de tonton Louis et de la guerre de 14 dont reste « un nom sur un monument à coq gaulois qui chante gaulois sur le poilu ». C’est encore dans le jardin du premier ensemble du livre, qui se passe d’exergue, qu’apparaît la figure paternelle, figure attachée au travail de la terre et, donc, à la sueur : « La sueur de mon père quand j’y pense a l’odeur du jardin où je suis un jour entré dans la fièvre et dont plus jamais je ne sortirai. » Cette odeur associée au travail, c’est celle des ouvriers, « en eux sent fort la sueur de fond d’humanité. Du repas des hommes ils sont le pain moisi, la croûte amère et le vin aigre ; mais aussi le sel de joie, la mie de douceur et le levain de compassion ».



 

Ce temps revisité, est-il vraiment « re-vécu » parce que raconté ? Ce n’est pas tout à fait par hasard si le livre s’achève par un rêve de cimetière et « Larmes aux yeux, dents serrées, cœur brûlé, l’enfant devenu vieux regarde par terre dans la flaque de soleil entre ses chaussures revenir le temps des soleils d’avant ». Les jardins de l’enfance ont disparu, avalés par les pelleteuses : « Tout fut loti ». Cependant, dans ce livre où l’histoire d’un individu est inséparable de l’Histoire, le lecteur reconnaît d’un bout à l’autre une force de vivre qui fait s’agiter constamment Prigent dans la « bourrasque rythmique des mondes secoués de boucans, venteux d’une vie immense ».

 

 



[1] Parodie de Raymond Rua : « Prends un siège, Cinna, et assieds-toi par terre ».

 

vendredi 30 mars 2018

[Actualité] Nouvelles prigentiennes

AGENDA

 A Binic : le samedi 31 mars et le dimanche 1er avril, au Festival « Les Escales », 2 Quai de Courcy, 22520-Binic (secretariatdesescales@gmail.com). Signature, lecture, discussion.

Samedi 07 avril, à 18 h, à la Maison de la Poésie de Paris, 157 Rue Saint-Martin, 75003 Paris (01 44 54 53 00). Autour de Christian Prigent, Trou(v)er sa langue, actes du colloque de Cerisy « Christian Prigent ». Table ronde avec Alain Frontier, Bénédicte Gorrillot, Christophe Kantcheff, Fabrice Thumerel. Lectures avec Vanda Benes et Charles Pennequin. Réservation : ici.

Avant des lectures détonantes, la soirée débutera par une table ronde où, en synergie avec Christian Prigent, quelques participants au volume collectif issu du colloque de Cerisy aborderont de façon inattendue l’œuvre majeure de cet escripteur qui troue le mur des discours dominants qu’on appelle « réalité », ce Moderne carnavalesque à la sauce TXT qui dégèle Rabelais pour parler caca, ce sexcriveur qui aime taquiner un Eros cosmicomique...

18h - Table-ronde avec Alain Frontier, Bénédicte Gorrillot, Christophe Kantcheff, Christian Prigent & Fabrice Thumerel
20h - Lectures de Charles Pennequin et du duo Christian Prigent & Vanda Benes
    
À lire - Bénédicte Gorrillot et Fabrice Thumerel dir., Christian Prigent : trou(v)er sa langue, Hermann, 2017.
Christian Prigent, Ça tourne. Notes de régie [Carnets de Grand-mère Quéquette, Demain je meurs et de Météo des plages], éditions de l'Ollave, 2017.
- Chino aime le sport, P.O.L, 2017.
Charles Pennequin, Les Exozomes, P.O.L., 2016.



A Caen : le samedi 14 avril à 17 h, à l’Artothèque, Palais Ducal, Impasse Duc Rollon, 14000-Caen (02 31 85 69 73). Lecture et discussion. Avec Vanda Benes.

Publications
↳"Indésirables" (sonnets), dans les quatre derniers numéros de la revue en ligne Catastrophes.
↳"Chino en mai" : sur Sitaudis, un extrait inédit du Journal de Prigent sur mai 68 qui ne manque pas de piment...
↳ Fin mai 2018, TXT renaît de ses cendres pour un nouveau numéro, le 32e de la collection : sur les 800 exemplaires, beaucoup sont déjà réservés... Il est donc temps de commander en utilisant le bon de commande ci-dessous. Et le 33e numéro est déjà sur les rails !
↳ Christian Prigent, Ça tourne. Notes de régie, éditions de l'Ollave, coll. "Préoccupations", 2017, 70 pages, 14 €.

Ce volume qui emprunte son titre et son sous-titre au cinéma reprend les extraits des Carnets de Grand-mère Quéquette et de Demain je meurs qui avaient d'abord été publiés sur ce blog. La belle édition que propose L'ollave ajoute ceux de Météo des plages. De cinéma il est bel et bien question :

Bresson : "ce qui est beau au cinéma, ce sont les raccords, c'est par les joints que pénètre le cinéma".
Je démarque : ce qui est beau en poésie, ce sont les raccords/rimes, c'est par les joints que pénètre le poétique (le mouvement, le rythme).


On y trouve par ailleurs ce genre de confidence : "Un monde inouï est en instance d'épiphanie dans l'effort au style. Je n'aurai jamais rien écrit qui ne guette cette épiphanie et ne s'efforce de créer les conditions de son effectuation. Rien écrit, ni même, d'ailleurs, rien... vécu" (p. 55).

↳ "La Poésie sur place", entretien de Christian Prigent avec Olivier Penot-Lacassagne, dans Olivier Penot-Lacassagne & Gaëlle Théval dir., Poésie & performance, éditions Cécile Defaut, janvier 2018, p. 175-187.

Avant tout on retiendra l'analyse de son positionnement dans l'espace des possibles des années 80 (la sociologie bourdieusienne a laissé des traces) : il fallait au jeune poète se démarquer de la performance non verbale, de "l'horizon naturaliste des poètes sonores", de "l'expressionnisme des poètes beatnicks" et de Bernard Heidsieck. Suit sa propre conception de la performance : "Si le public assiste à quelque chose, c'est à un combat d'intensités dans les mots liés, déliés et re-liés par des articulations dynamisées. [...] le surgissement des significations dans la violence du combat des phrases (syntaxes, scènes) et des phrasés (respirations, portées rythmiques et sonores) est pour lui mis en scène, effectué sur place : voilà ce que j'entends par "performance" " (p. 185).

↳ "Comme un éclair dans un ciel fané", entretien de Christian Prigent avec Olivier Penot-Lacassagne, dans O. Penot-Lacassagne dir., Beat generation. L'inservitude volontaire, CNRS éditions, mars 2018, p. 293-301.

N'appréciant pas tout le folklore autour des beatnicks, Christian Prigent insiste sur la révélation que
fut pour lui la découverte de Ginsberg à vingt ans : "C'est beaucoup plus difficile de faire de la poésie avec des contenus et un lexique non a priori "poétiques". Mais c'est aussi une chance de faire plus juste (vrai) et plus frais (neuf). La poésie des Beats, c'était cela qu'elle faisait. Pas seulement parce qu'il y avait des obscénités, des trivialités blasphématoires et des déclarations transgressives, mais parce que cette poésie mettait à bas l'idéalisation congénitale du processus poétique" (p. 296). De Burroughs il retient le fameux cut-up (découpage-montage-collage) et la sortie du style comme originalité du créateur.
Mais il finira par trouver leur poétique trop lyrique.



samedi 12 juillet 2014

[Chronique] Autour de Christian Prigent à Cerisy, par Fabrice Thumerel


Christian Prigent : trou(v)er sa langue

(colloque de Cerisy organisé par Bénédicte Gorrillot, 

Sylvain Santi et Fabrice Thumerel)

Photos : tous droits réservés à leurs auteurs (F. Thumerel et B. Gorrillot) ; photos officielles (en noir & blanc).


C. Prigent, J.-P. Verheggen et A. Frontier
Autour de Christian Prigent, pour de vrai. Pas d'une icône. Nulle statue de bronze ni de cire, nulle sanctification (Saint-Bouche ? Saint-Trou ? Saint-Broc ? Saint-Troc ? Saint-Froc ? Saint-Chie ? Saint-Chiot ? Saint-Chino ? Saint-Coco ? Saint-Zoo ? Saint-Zozo ? Saint-Zigoto ? Saint-Glotte ? Saint-Crotte ? Saint-Orœil ? Saint-TXT ? Saint-Raté ? Saint-Dérapé ? Saint-Dératé ? Saint-Excès ? Saint-Nié ? Saint-Délié ? Saint-Eros ? Saint-Tas d'nonos ? Saint-Ubu ? Saint-Tordu ? Saint-Catastrophe ? Saint-Carnaval ? Saint-Sens-du-Non-Sens ?). Une relation, pour de vrai : un groupe uni dans l'agir communicationnel, une communauté ouverte (dans l'espace et sur l'avenir).

Vanda Benes, Anne-Sophie Miccio et Typhaine Garnier
Entouré de quelques amis du groupe TXT (Philippe Boutibonnes, Éric Clémens, Alain Frontier et Jean-Pierre Verheggen), d'artistes divers (acteurs, peintres, cinéastes, musiciens) et de dizaines de lettrés et d'universitaires, Christian Prigent s'est investi avec une rare énergie sans chercher à occuper une intenable position auctoriale : sa voix a résonné au cours de ses lectures (soirée inaugurale et ouverture de chaque séance), mais aussi à l'occasion du film signé Ginette Lavigne ( La Belle Journée, 2010), de la soirée poétique à laquelle il a invité trois poètes de la génération suivante (Abbaye d'Ardenne / IMEC : Bruno Fern, Christophe Manon et Sylvain Courtoux), des performances exceptionnelles données par Vanda Benes et Jean-Marc Bourg (Peep-Show pour la première et "Comment se dit Commencement" pour le second), et enfin du récital offert par Vanda Benes et Typhaine Garnier ("Les Chansons du Lapin Rouge", composées par Jean-Christophe Marti sur des textes de Christian Prigent).


Le premier colloque international entièrement consacré à l'œuvre d'un écrivain désormais reconnu comme un classique de la modernité, "Christian Prigent : trou(v)er sa langue", avait pour objectif de faire le point sur quarante-cinq ans d'activité protéiforme : le directeur de TXT (1969-1993), qui n'a jamais cessé de s'intéresser à l'univers des revues, s'est en effet illustré dans tous les domaines (poésie, essai, roman, théâtre, entretien, traduction, chronique journalistique, lecture de ses textes) - dont il a su déplacer les frontières, les marquant ainsi de son empreinte. La problématique retenue était une invitation à réfléchir non seulement sur la langue de l'auteur (lalangue) et son rapport aux langues comme à la Bibliothèque, mais encore sur la fatalité de toute langue (comment en sortir ? surtout pas par la langue...) et sur la nécessité pour l'écrivain de trouer les discours dominants afin de trouver sa langue.
Schéma de Philippe Boutibonnes


Le premier fait remarquable est la variété des approches (poétique, intertextuelle, érudite, psychanalytique, linguistique, philosophique, historique, sociologique, politique...), qui a permis de déborder un premier espace de réception orienté par l'auteur (avant-gardes et modernité négative, revue TXT, lectures lacanienne et carnavalesque orthodoxes) et d'aborder aussi bien la réception journalistique de l'œuvre que la nouvelle donne introduite en 2012 par le premier dépôt d'archives (la présentation du fonds Prigent à l'IMEC - Institut Mémoires de l'Edition Contemporaine - a été menée par Yoann Thommerel et Typhaine Garnier).
L'auteur et les organisateurs
On notera également que le spectre entier de l'œuvre a été couvert, des premiers (Power / powder, 1977 ; Œuf-glotte, 1979 ; Voilà les sexes, 1981 ; Peep-Show, 1984 ; Deux dames au bain, 1984) aux derniers textes de poésie (Météo des plages, 2010 ; La Vie moderne, 2012), des nombreux essais et entretiens aux fictions de la "matière de Bretagne" (Commencement, 1989 ; Une phrase pour ma mère, 1996 ; Grand-mère Quéquette, 2003 ; Demain je meurs, 2007 ; Les Enfances Chino, 2013).
Enfin, le dialogue avec les autres écrivains présents a été particulièrement fécond : le drôle et émouvant Jean-Pierre Verheggen a lu une petite partie des lettres qu'il a reçues de son vieil ami ; Jean-Claude Pinson a décentré la perspective vers la poéthique ; Jean-Pierre Bobillot vers la mediopoétique ; Nathalie Quintane vers le dialogue entre modernité et postmodernité ; David Christoffel vers le kitch... Les autres décentrements ont été favorisés par des débats animés entre tel ou tel acteur historique et les exégètes d'aujourd'hui, et autour de l'antinomie moderne / antimoderne, des pratiques du montage...

Pour toutes ces raisons, ce colloque constitue sans aucun doute un tournant dans les études prigentiennes.




mardi 10 juin 2014

[Actualité] Les estivales de Christian Prigent

Polyphonies de Rennes, 24 mai 2014 : lectures de Christian Prigent avec Vanda Benes

"Comment j'ai écrit certains de mes textes" : https://www.youtube.com/watch?v=eaDE7I9SSwY&feature=share
Une phrase pour ma mère : https://www.youtube.com/watch?v=uFeNSC_hvCg
Grand-mère Quéquette : https://www.youtube.com/watch?v=pdY2tCarDWw
Les Enfances Chino : https://www.youtube.com/watch?v=-HargyJ7vic

N.B. : Merci à Sanda Voïca pour les vidéos.


AGENDA estival de Christian PRIGENT
15 juin. Marché de la poésie, Place Saint-Sulpice, Paris. Christian Prigent sera de 14 h 30 à 16 h 30 sur le stand des éditions FICELLES (STAND 503).
17 juin | Rencontre, débat
Christian Prigent. «Une soirée d’amour martial» à Paris 14e
Christian Prigent. «Une soirée d’amour martial» (DCL épigrammes de Martial, chez POL). Lecture/discussion à la Librairie «À Balzac à Rodin», 14 bis, rue de la Grande Chaumière, Paris 14e, M° Vavin. Le jeudi 17 juin à 18 h 30
18 juin | Lecture
Christian Prigent à Pantin
Christian Prigent à Pantin
Mercredi 18 juin 2014 à 20 heures, dans le cadre du festival « Côté court » : projection de Variation Chino, film de Sol Suffern et Rudolf Di Stefano (2014, 15 minutes) et lecture de Christian Prigent : Visions de Chino. Au Ciné 104, 104 avenue Jean Lolive, 93500 Pantin, métro : Eglise de Pantin (ligne 5).
Du lundi 30 juin au lundi 7 juillet : participation au premier colloque international de Cerisy consacré à son œuvre, "Christian Prigent : trou(v)er la langue" (dir. : B. Gorrillot, S. Santi et F. Thumerel). [Il reste quelques places pour les curieux]


L’ensemble d’essais et d’entretiens de Christian Prigent, intitulé SILO, consultable et téléchargeable sur le site de pol éditeur vient d’être enrichi de trois textes : [ http://www.pol-editeur.com/index.php?spec=feuilletons&numauteur=160&numfeuilleton=13&numpage=21&numrub=12]
1— "Aux grands Anamorphoseurs" (essai)
La mode des anamorphoses (vers 1560) comme trace d’une crise dans les modes de représentation. La torsion anamorphosée comme «structure de fiction». Une difficulté de la psychanalyse : Freud et la peinture. L’écriture moderne au delà du principe d’anamorphose.
Exposé au colloque « De l’art les bords », Milan, 1978. Paru dans La Langue et ses monstres, Cadex, 1989. Revu et corrigé en avril 2014.
2— "Du Sens de l’absence de sens" (essai)
La question de l’illisibilité en littérature. Qu’est-ce qu’un texte illisible ? Ecriture et sens du « présent ». L’écriture comme expérience du sens de l’absence de sens.
Exposé au colloque « Liberté, licence, illisibilité poétique », San Diego, USA, 2008 (direction Bénédicte Gorrillot et Alain Lescart. Une version légèrement différente figure dans les actes de ce colloque (L’illisibilité en questions, Presses du Septentrion, avril 2014).
3— "Du Droit à l’obscurité" (entretien)
La littérature et la fatalité de l’obscur. Aux origines de la revue TXT. De Commencement à Demain je meurs : vers une plus grande lisibilité ? Pour qui écrire ? Fiction et pédagogie critique. La peinture comme médiation. Le rapport aux « maîtres ». Narration et voix. Pourquoi et comment des « lectures publiques ». Le style comme puissance de distinction.
Entretien avec Bénédicte Gorrillot. Colloque « Liberté, licence, illisibilité poétique », USA, 2008. Une version abrégée figure dans les actes de ce colloque (L’illisibilité en questions, Presses du Septentrion, avril 2014).

jeudi 10 avril 2014

[Actualité - vidéos] Christian Prigent et Vanda Benes, lectures des Enfances Chino (extraits)

On découvrira ci-dessous les lectures d'extraits des Enfances Chino données par Christian Prigent et Vanda Benes en novembre 2013 (Maison de la Poésie de Paris) et en mars 2014 (festival Hors Limites de Montreuil) ; pour celle donnée le 29 mars 2014 lors du Festival POEMA (cf. présentation dans l'agenda du printemps), on cliquera ici. Suivra la chronique sur Les Enfances Chino (P.O.L, 2013).







mercredi 19 février 2014

[Agenda] Printemps prigentien






— Montreuil, mercredi 19 mars 2014, 19 h. Soirée d'inauguration du festival Hors limites. Lecture de Christian Prigent (Les Enfances Chino), suivie de Peep-show, performance de Vanda Benes. A la Bibliothèque de Montreuil, 14 Bd Rouget-de-l'Isle, Montreuil (93). Contacts : 06 08 55 89 83  /  01 48 45 95 52.


— Vandœuvre-les-Nancy, samedi 29 mars 2014, 20 h 30. Festival Poema. Lecture à deux voix (Vanda Benes & Christian Prigent). Au CCAM, Scène Nationale, rue de Parme, 59500-Vandœuvre. Contact : S. Gironde  06 63 14 52 70.